Plus d’informations sur https://www.contournement-nord-de-wavre.be/

…notre réaction en 2014…

Concerne : PROJET DE CONTOURNEMENT NORD DE WAVRE – ENQUETE PUBLIQUE.

L’asbl Action Environnement Beauvechain rappelle sa demande d’étude d’incidences envoyée le 12 janvier dernier à Monsieur le Fonctionnaire Délégué ainsi que sa réaction au PICM (Plan Intercommunal de Mobilité) de 2005.
Dans le cadre de la présente enquête publique, notre association exprime son opposition au projet de contournement Nord de Wavre pour les raisons suivantes.

AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

Ce projet d’axe routier, dont nous contestons par ailleurs la nécessité, désenclaverait l’Est du Brabant wallon, ouvrant encore plus notre région à la voiture et à l’urbanisation, sous la pression périurbaine de Bruxelles. Ceci implique une perte irréversible du caractère rural de l’Est du Brabant wallon, zone pourtant officiellement reconnue comme aire agro-géographique par le Schéma de développement de l’Espace Régional (SDER)
Le tracé projeté traverse le premier grand espace non encore entamé par l’urbanisation et les infrastructures depuis la grande banlieue du sud-est de Bruxelles. Il marquerait la fin de la rupture entre ville et campagne. Il nous semble impératif de préserver la structure spatiale rurale de notre région face à la pression de Bruxelles.
Le quadrillage routier de notre « belle Province » deviendrait tel qu’il morcellerait irrémédiablement l’espace, ce qui est contraire à l’article 1,1 du CWATUPE et au nouveau SDER qui prône l’utilisation rationnelle du territoire, la mobilité maîtrisée et le renforcement des centralités.
En outre, on pourrait craindre que, tôt ou tard, cette route entraîne l’extension du zoning à partir du haut (Noire Epine) ou à partir du bas (Gastuche)…

PAYSAGE

Cette route traverserait, en le défigurant pour toujours, un magnifique paysage typiquement brabançon composé d’une succession de vallonnements boisés et agricoles, de prés humides, de fonds de vallée marécageux.
Ce paysage rural bien conservé, figurant comme périmètre d’intérêt paysager au Plan de secteur, constitue le dernier poumon vert de Wavre. Le site que traverserait la nouvelle route est d’une haute qualité paysagère échappant encore aux pressions immobilières (zone verte, forestière, de parc, classée Natura 2000).
Les versants boisés de la vallée de la Dyle sont à cet endroit encore bien préservés : Bois de Laurensart sur le flanc nord, Bois des Vallées sur le flanc sud. Ce vallonnement et les versants boisés ont une grande valeur topographique structurante au sein du paysage. Les lisières des massifs boisés, comme celle du bois de Laurensart, jouent aussi un rôle important dans la composition des paysages, tout comme les chemins agricoles et de randonnée qui en structurent le maillage.

La notice d’incidences le dit très justement à la page 31 : « la voirie projetée traverse, au sein de la commune de Grez-Doiceau, deux zones forestières à savoir le bois des Vallées et l’extrémité sud du bois de Laurensart, se démarquant non seulement par leur intérêt paysager mais également par leur grand intérêt écologique.». Et plus loin à la page 66 : « Il s’agit de boisements à grande, voire très grande valeur biologique qui confère au cadre d’ensemble une valeur esthétique indéniable. »
« Les cultures et les prairies s’étendent plus largement sur les versants pour rejoindre les surfaces agricoles des plateaux .Ces surfaces créent des zones d’ouverture de grande qualité paysagère. »
Le chemin qui rejoint Noire Epine au Château de Laurensart ménage des vues magnifiques vers la vallée de la Dyle et la Région flamande.
La route traverserait aussi un Chemin de Grande Randonnée (GR 579) et un remarquable chemin creux de grand intérêt biologique. Elle détruirait des lieux de promenade, outre la dégradation des paysages aux abords du Chemin de Grande Randonnée 579.
Ce sont les importants déblais et remblais qui seront les plus préjudiciables à l’esthétique du paysage. C’est à l’endroit où le bois de Laurensart sera amputé que l’impact paysager sera le plus dommageable, ainsi que plus bas, du bois jusqu’au pont enjambant le chemin de fer, où l’important remblai coupera la vue dans le fond de la vallée. De même, là où un pont franchira la RN 268, vu sa hauteur, ses remblais et ses bretelles associées, ainsi qu’au niveau des importants déblais et remblais des trouées dans le bois des Vallées. Déjà en 1995, dans son étude sur les paysages réalisée pour la Région wallonne, l’asbl ADESA concluait que « le contournement Nord de Wavre traverserait la Zone d’intérêt paysager existante, ce qui serait très regrettable au point de vue paysager. Il faudrait supprimer ce projet du plan de secteur et étendre la zone d’intérêt paysager jusqu’à la ligne de crête ».
Dans le livre « Patrimoine et Territoires de la Région wallonne » publié par la Région wallonne, il est dit explicitement que « le contournement nord de Wavre serait très préjudiciable du point de vue paysager et écologique ».
Faut-il à cet égard rappeler que le paysage est « notre patrimoine commun, une composante essentielle de notre qualité de vie », pour reprendre les termes de la Convention européenne des Paysages adoptée à Florence en 2000 et ratifiée par la Région wallonne en 2001 ? Le nouveau projet de SDER précise que cette ratification engage la Wallonie à respecter le principe de l’intégration du paysage dans les mesures d’aménagement du territoire (voir mesure R3).

NATURE

Le morcellement du paysage s’accompagnerait d’une fragmentation de l’habitat pour la faune et la flore sauvage : la nature serait la grande perdante…La fragmentation des milieux naturels et notamment du bois de Laurensart et du bois des Vallées entrainera un risque important d’isolement des populations d’espèces terrestres, cause d’érosion de la biodiversité.
Le tracé proposé traverserait un site figurant à l’inventaire des Sites de Grand Intérêt Biologique et au PCDN de Grez-Doiceau, le Bois des Vallées, et passerait à proximité immédiate de deux autres sites du même intérêt. L’un de ceux-ci, le marais de Laurensart est un site du réseau Natura 2000 et est un site classé.
Le projet affecte des espèces d’intérêt communautaire même si le tracé évite stricto sensu les zones Natura 2000 : en effet le Bois de Laurensart, amputé par le projet, ainsi que le Bois des Vallées avaient été proposés par les scientifiques mandatés par la Région wallonne pour intégrer le réseau Natura 2000. Le tracé détruira donc des habitats naturels d’intérêt communautaire, protégés en vertu de la Directive européenne Habitats : landes à bruyère dans le Bois des Vallées, prairies humides à grandes herbes dans le fond de la Vallée de la Dyle, hêtraies acidophiles et vieilles chênaies dans le Bois de Laurensart et le Bois des Vallées.…

Action Environnement Beauvechain demande que l’on tienne compte des habitats d’intérêt communautaire qui avaient été retenus par les scientifiques comme sites candidats Natura 2000 au début de la procédure de désignation pour être opportunément retirés ensuite …

De très nombreuses espèces animales et végétales observées à l’endroit ou à proximité du tracé seront affectées par la mise en oeuvre de ce projet. En particulier les oiseaux migrateurs car la vallée de la Dyle est un couloir de migration pour l’avifaune européenne et une Zone de protection spéciale(ZPS) au titre de la Directive Oiseaux.

Action Environnement Beauvechain ne peut accepter la destruction de ces écosystèmes.

PATRIMOINE

Le tracé évite de justesse la villa romaine de Basse-Wavre, site archéologique classé exceptionnel de Wallonie mais ce site classé n’est qu’une petite partie de la villa romaine qui se poursuit vers l’est, à l’endroit du projet ! Il y a en outre des tombelles protohistoriques.
Par ailleurs, la ferme de l’Hosté, bel exemple de cense wallonne à proximité, perdrait beaucoup de son cachet, car la campagne qui l’entoure constitue la dernière percée visuelle depuis l’agglomération de Wavre vers un paysage rural bien conservé, équilibré entre bois et terres agricoles (avec notamment le site classé exceptionnel où se situent les substructions de l’ancienne villa romaine).
A la page 79, la notice d’incidences précise que l’impact visuel sera assez important au départ du quartier du Culot et de la ferme de l’Hosté.

MOBILITE

Notre association ne partage pas l’analyse faite par les auteurs de la notice en matière de mobilité.
Nous avons même de sérieux doutes quant à la nécessité d’une telle voirie, imaginée il y a plus de 30 ans, en l’absence de RN25, à l’époque du tout à la voiture.
Ayant participé nous-mêmes à des trajets tests en pleine heure de pointe en semaine, nous avons mis 15 minutes entre le rond-point Doiceau et GSK, ce qui est tout-à-fait acceptable ! Les dangereux ralentissements sur la E411, pourraient être réglés grâce à une réorganisation des entrées/sorties d’autoroute (voire la création d’une bretelle supplémentaire), la suppression des feux ou leur remplacement par des feux intelligents et la mise à 4 bandes de la totalité de la Chaussée des Collines !
Quant à l’argument selon lequel la nouvelle route « permettra de dissuader les usagers en transit de traverser Wavre sur le RESI (réseau interurbain : RN4, RN268, RN239, RN243) en les renvoyant sur le RGC (réseau grand gabarit : E411, RN25) », il nous est difficilement compréhensible, car cela prend plus de temps de traverser Wavre que d’emprunter la RN25 et la E411, notamment à cause des écoles et des fermetures fréquentes des passages à niveau. Les 20 millions d’euros prévus pour le contournement nord de Wavre ne seraient-ils pas mieux utilisés pour supprimer ces passages à niveau? Voilà qui fluidifierait le trafic dans le centre de Wavre…

Nous nous demandons aussi combien de voitures supplémentaires en provenance de l’Est du Brabant wallon cette nouvelle voirie amènerait dans les rues du zoning …
En effet, contrairement à la circulation de transit sur les branches E411 et RN25, le trafic actuel sur la RN257 est local et ne dessert que les entreprises du zoning nord. On peut donc parfaitement dimensionner les infrastructures routières en fonction du nombre de personnes travaillant dans le zoning. Si le contournement nord se réalise, ce ne sera plus le cas, car il faudra gérer en outre une circulation de transit qui risque de charger de manière incontrôlée le trafic, en particulier, sur le pont au-dessus de la E411 qu’on pensait justement décharger en réalisant le contournement nord.

Que cela soit pour diminuer le trafic au centre de Wavre, pour répondre à la saturation de l’échangeur de Bierges ou décongestionner la ZAE, le contournement sera inopérant. Il risque avant tout de créer un effet d’appel pour un nouveau trafic routier.

En plus des propositions alternatives évoquées plus haut concernant le pont de Bierges et la Chaussée des Collines, on pourrait imaginer aussi :

-Un plan de mobilité du zoning avec horaires décalés
– encourager le co-voiturage , comme GSK a commencé à le faire.
– des navettes de bus.
– obliger les parents de l’école du Verseau à emprunter la petite route qui part du parking de l’AC pour déposer et rechercher les enfants.
-créer une piste cyclable le long de la RN4 entre la gare de Wavre et le zoning nord
-Le pont de Bierges pourrait être aménagé afin d’y éviter tout croisement de la circulation automobile, une bretelle d’entrée sur la E411 vers Namur tournant à droite, etc…
Surtout, il nous semble incohérent de vouloir décider d’un projet de contournement d’une telle ampleur, avant même de connaître les résultats du Plan de mobilité qui vient d’être lancé par la ville de Wavre !

EMPLOI ET BUDGET

Ce projet routier répond-il à l’intérêt général ou à l’intérêt particulier de quelques entreprises du zoning qui veulent s’accroître ? Cet intérêt justifie-t-il qu’on lui sacrifie à un tel point le paysage et la nature ?
Notons à ce sujet que GSK occupe actuellement 5000 personnes, son objectif de 5500 personnes sera bientôt atteint et le reste du zoning est quasi plein. Le zoning n’a plus besoin de s’accroître !

Le contournement nord de Wavre serait financé par la SOWAFINAL, ce qui est contraire à ses statuts qui ne prévoient pas le financement d’infrastructures routières mais bien celui des énergies renouvelables ou de la réhabilitation de sites désaffectés. Cet octroi de financement risque de réduire les possibilités de subsides régionaux pour la réalisation d’autres aménagements réellement utiles.

Conclusion :

Etant donné l’ampleur de ce projet routier qui, s’il était réalisé, défigurerait définitivement le paysage -un des plus beaux sites non encore urbanisés avant Bruxelles- et détruirait le milieu naturel, notamment des zones de grand intérêt biologique, tout en ouvrant encore plus l’Est du Brabant wallon à la pression automobile et l’urbanisation, notre association Action Environnement Beauvechain demande l’abandon du projet de contournement nord de Wavre en le remplaçant par les alternatives évoquées plus haut.

Vous remerciant d’avance de la bonne suite que vous donnerez à la présente, nous vous prions de croire, Madame la Bourgmestre, Madame et Messieurs les Echevins, à nos salutations distinguées,

Art.1, 1 CWATUPE« La Région et les autres autorités publiques, chacune dans le cadre de ses compétences et en coordination avec la Région, sont gestionnaires et garants de l’aménagement du territoire. Elles rencontrent de manière durable les besoins sociaux, économiques, patrimoniaux et environnementaux de la collectivité par la gestion qualitative du cadre de vie, par l’utilisation parcimonieuse du sol et de ses ressources et par la conservation et le développement du patrimoine culturel, naturel et paysager.

. Le bois des vallées présente en outre une des plus belles landes à bruyère subsistantes