Observations, demandes et suggestions d’Action Environnement Beauvechain asbl pour l’étude d’incidences des projets de développement immobilier commerciaux et résidentiels à Hamme-Mille et du projet indissociable du MET concernant la traversée de Hamme-Mille

16 décembre 2008

CONSIDERATIONS GENERALES

Pour rappel, nous joignons à la présente les propositions que notre association Action Environnement Beauvechain asbl (AEB) avait formulées en 2005 dans le cadre des enquêtes publiques sur le Plan intercommunal de mobilité (PICM) d’une part et le schéma de structure de Beauvechain, d’autre part. Nous vous remercions de bien vouloir les transmettre au bureau d’étude comme d’ailleurs tous les autres documents préliminaires, finaux et les réponses aux enquêtes publiques concernant le PCDN, le PICM et le schéma de structure. 

1. IMPACT SPATIAL, SOCIAL ET ECONOMIQUE

Vu leur envergure, les projets Tamet et Ascencio nous semblent ouvrir une boîte de Pandore : pas moins de trois blocs de surfaces commerciales supplémentaires, en plus d’un Champion considérablement agrandi [1] ; et non seulement des immeubles à appartements, mais aussi un nouveau lotissement résidentiel (s’ajoutant à celui du Chabut, en projet).

Le nouveau Champion est en réalité l’élément déclencheur du projet global de développement de Hamme-Mille, entraînant la démolition de l’ancien Champion remplacé par trois nouvelles surfaces commerciales, la nécessité de construire un puis deux nouveaux ronds-points ainsi qu’une voirie complémentaire avec commerces et nouveau lotissement à l’appui du côté Est de la chaussée de Louvain…

Tout cela est-il compatible avec le souhait de la Commune (par ailleurs appuyé par AEB) de préserver la ruralité et de contrecarrer tout contournement de Hamme-Mille vers Meerdael ? N’est-on pas en train de transformer Hamme-Mille en un pôle d’attraction dont le rayonnement ira au-delà de ce qu’une région à vocation rurale peut supporter, jetant ainsi les germes d’une résidentialisation irréversible à l’échelle (supra-)communale ?

– Nous demandons donc que l’étude d’incidences pose préalablement la question de la pertinence de l’échelle du projet, et ce non seulement sous l’angle de la gestion de la mobilité locale, mais aussi sous un angle plus large tant géographiquement que thématiquement. On pense entre autres à l’adéquation entre les intérêts économiques poursuivis et l’impact en termes de pression urbaine et de préservation de la ruralité à long terme. Il y a en effet différentes façons (l’une maximaliste, l’autre minimaliste et toutes les gradations intermédiaires) d’interpréter le schéma de structure communal… Laquelle des interprétations correspond le mieux à l’esprit de ce schéma qui est, selon nous et de façon générale, le développement dans le respect de la ruralité.

Le projet est-il conforme aux orientations régionales et communales en matière d’aménagement du territoire (SDER) ?

Le projet tient-il compte de l’impact des nouveaux projets de lotissement du Chabut (87 nouveaux logements), de l’ancien Lycée d’Etat et de l’avenue du Centenaire ?

Quel sera l’impact paysager du projet ?

Le projet répond-il à une réelle demande? Nous demandons une étude de faisabilité économique pour éviter de se retrouver avec des commerces vides,à l’instar de la galerie des Carmes à Wavre.

Qu’en est-il de l’engagement des promoteurs à finaliser l’ensemble ? Existe-t-il des garanties à cet égard ? 

2. MOBILITE

A l’heure actuelle déjà, personne ne semble réellement convaincu de la pertinence de la transformation du carrefour de Hamme-Mille en rond-point (pourquoi pas d’ailleurs tenter l’expérience d’une micro-régulation électronique intelligente des feux de signalisation ?). Dans cette optique, la création proposée de DEUX ronds-points nous laisse perplexes. Encore plus d’espace dévolu aux voitures ! En effet, les ronds-points doivent être suffisamment spacieux pour faire passer les poids lourds et l’espace au milieu est par définition un no-man’s land perdu pour tout le monde…

Pourtant, d’autres solutions pour Hamme-Mille existent, qui évitent tant les ronds-points que les grands contournements : les « by-pass » à proximité du carrefour de Hamme-Mille, permettant non seulement de soulager le carrefour même, mais aussi tout l’espace devant l’école Caritas. 

Nous demandons que l’étude d’incidences se penche sérieusement sur l’opportunité d’aménager des by-pass (celui vers l’église, proposé dans le cadre du présent projet, celui entre la RN25 et la RN91, suggéré dans le cadre de l’étude du PICM, celui RN25/rue Ménada,…), afin d’éviter une multiplication de ronds-points et de couper court définitivement à toute tentative de grand contournement de Hamme-Mille, que ce soit vers Meerdael via les Claines ou vers Nodebais via Guertechain.

L’étude d’incidences chiffrera aussi l’impact sur la mobilité de la multiplication des lotissements, notamment du projet de lotissement Tamet, mais aussi du futur quartier du Chabut (89 logements) et du futur lotissement à l’emplacement de l’ancien lycée.

Nous demandons une étude globale sur la mobilité incluant l’augmentation du trafic de camions desservant les nouvelles surfaces commerciales. (L’affirmation faite par le promoteur en réunion selon laquelle le trafic camions n’augmenterait pas malgré la multiplication des surfaces commerciales laisse perplexe !!!)

En particulier, quel sera l’impact de l’accroissement de la circulation sur les voiries avoisinantes ?

L’étude élaborera un réel plan de mobilité lente pour les piétons et cyclistes. 

3. SECURITE

Comme on a pu le constater à la réunion d’information du 3 décembre 2008 ainsi qu’à celle du 8 septembre 2009, les craintes sont grandes pour la sécurité des enfants, étant donné la proximité de deux écoles primaires et d’un lieu de rassemblement de scouts le week-end. 

Nous souhaitons que l’étude d’incidence y consacre un important chapitre et étudie les aspects sécuritaires de tous les usagers de la voirie, les solutions de stationnement le long des chaussées de Louvain et de Namur et d’autres possibilités d’aménagement que la simple berme centrale sur la chaussée de Louvain, qui ne fait que morceler l’espace. Ainsi, différents tracés de la chaussée de Louvain devraient être examinés, en particulier un tracé sinueux éloignant la voirie des commerces existants côté pharmacie/CBC/Fleurs Hergot et laissant ainsi de larges espaces aux piétons + la possibilité aux voitures de quitter leur place de parking en toute sécurité (ce qui est tout sauf le cas maintenant !).

Rappelons que nous souhaitons qu’on se penche sur l’influence que pourrait avoir le petit by-pass RN 25/RN 91 sur la sécurité des abords de l’école Caritas).

4. NATURE- FAUNE ET FLORE

Nous aurions préféré qu’à la réunion d’information tous les documents existants concernant les lieux d’implantation des différents projets soient présentés à la population.

Ceci aurait permis de voir qu’une bonne partie du projet de lotissement est prévue sur une zone centrale au PCDN [2] … 

Il nous semble impératif que le bureau réalise une étude d’incidences approfondie et en bonne et due forme sur la flore et la faune, ayant particulièrement à l’esprit que les zones humides sont ce que notre commune a de plus précieux à offrir en matière de biodiversité et que partout au niveau européen, national, régional on proclame la volonté d’arrêter la perte de biodiversité en 2010. Nous insistons pour que l’étude intègre les préoccupations en matière de biodiversité dans la politique d’aménagement du territoire à ce niveau local, que ce soit à droite ou à gauche de la chaussée.

Concrètement, nous demandons que l’étude se penche sur l’opportunité réelle de prévoir, en plus des maisons autour du « by-pass » vers l’église, la nouvelle rue en cul-de-sac. L’urbanisation de ce cul-de-sac occuperait la zone la plus proche de l’eau. Cela ne poserait pas seulement problème au niveau des risques d’inondation, mais anéantirait aussi un petit poumon vert (écologique + zone tampon vis-à-vis des quartiers existants) qui pourrait être judicieusement intégré au projet.

En ce qui concerne le nouveau Champion, notre demande au bureau d’étude est comparable : ne vaut-il pas mieux sauvegarder cette zone tampon vis-à-vis de la rue des Claines, de surcroît intéressante au niveau écologique ? Le Champion ne pourrait-il pas rester à l’endroit actuel ? Cela permettrait dans la foulée de diminuer le nombre d’espaces commerciaux et de rendre l’ensemble du projet plus en harmonie avec l’échelle humaine du village de Hamme-Mille. Nous insistons pour que l’étude examine les possibilités d’assurer la continuité commerciale pendant les travaux, en établissant par exemple un lieu de vente temporaire dans l’ancien Ray ou sur le parking.

Nous demandons que l’étude tienne compte de la présence du collecteur et du canal de dérivation, interdisant toute plantation.

Quels sont les éléments biologiques supprimés suite à la réalisation du projet ? 

5. INONDATIONS

Le projet se situant en fond de vallée humide de la Néthen, nous recommandons la consultation du Contrat de rivière Dyle et affluents, dont la commune de Beauvechain fait partie.

La zone humide boisée à l’Est de la chaussée jouxtée par le Guertechain et la Néthen joue un véritable rôle d’éponge et il est essentiel que l’étude d’incidence précise exactement quel serait l’impact hydrologique et en matière d’inondations d’un aussi vaste projet.

De même, de l’autre côté de la chaussée, il ne faut pas ignorer les risques d’inondation susceptibles d’être renforcés par la reconstruction du Champion en un énorme « bloc » surélevé à l’arrière du Lidl sur un terrain actuellement boisé. L’étude pourrait analyser aussi le contre-exemple du Lidl en matière de taux d’occupation des parkings, d’imperméabilisation du sol, etc…

Nous demandons que soit réalisée une étude hydrologique complète et indépendante, reprenant entre autres les points suivants et les solutions prévues: 

L’étude chiffrera l’impact du projet sur les zones humides et/ou inondables ?

L’étude se penchera en particulier sur l’impact des remblais, notamment de la surélévation de terrain prévue dans la zone inondable à l’arrière de la butte du tram.

Quelles sont les conséquences sur la nappe phréatique ?

Quels sont les risques de débordement du canal de dérivation de la Néthen et de la Néthen elle-même ?

L’étude examinera attentivement l’impact de l’imperméabilisation des sols et des nouvelles constructions sur l’évacuation des eaux, et envisagera la communautarisation des parkings.

6. POLLUTION

Notre association propose d’intégrer le rapport de la Spaque dans l’étude d’incidences et d’en appliquer les conclusions avant toute demande de permis, la population étant bien entendu informée.

7. URBANISME -ARCHITECTURE

L’évaluation du projet, et en particulier du projet de lotissement, devrait être faite par rapport

  • au Schéma de structure de Beauvechain , notamment le point 4.2 et les sous-points « air et climat », « occupation du sol », « eaux de surface » et « écosystèmes » du rapport environnemental.
  • à l’article 1, §1 du CWATUP 
  • à la cohérence de l’ensemble.

Concernant les deux projets, et en particulier le volumineux nouveau Champion, nous demandons que l’étude d’incidences analyse les points suivants :

  • l’intégration (implantation et gabarits) dans le cadre environnant bâti et non bâti
  • l’intégration de la construction dans le paysage
  • la prise en compte de la protection de la nature
  • l’architecture et le recours aux énergies renouvelables et aux matériaux durables conformes
  • le respect de toutes les dispositions du Règlement communal d’urbanisme
  • la réalisation d’une étude de simulation des nuisances sonores de jour comme de nuit. 

8. ENERGIE

Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, ce point devrait être considéré comme prioritaire par le bureau d’études.

L’étude devrait faire le bilan énergétique de tous les aspects du projet et proposer les solutions les moins énergivores et les moins mangeuses d’espace.

Nous demandons une étude et des garanties sur la performance énergétique de chaque bâtiment. 

CONCLUSION

Nous remercions d’avance la Commune et le bureau d’études de bien vouloir étudier les points et pistes évoqués ci-dessus. Ne disposant d’aucun document (contrairement à certains journalistes), nos remarques ne peuvent porter que sur ce qui fut dit en réunion d’« information préalable » et ne doivent par conséquent pas être considérées comme exhaustives.

Le projet tel que soumis actuellement, malgré les améliorations minimes qui y furent apportées, nous semble en effet hautement inquiétant car surdimensionné par rapport au contexte de Hamme-Mille et de la région. L’accepter tel quel risque de conforter les partisans d’un ou de plusieurs grands contournements de Hamme-Mille, avec toutes les conséquences néfastes que cela implique sur les plans écologique, démographique et du cadre de vie.

Nous espérons vivement que l’étude d’incidence accordera la priorité à un vrai développement durable, osant enfin sortir du cadre des idées préconçues… 

 

 

[1] Malgré la légère réduction de 200m²

[2] Pour rappel: Action Environnement Beauvechain disait dans sa réaction au projet de schéma de structure:” « 2.1.3.G : nous ne sommes pas favorables d’office à l’urbanisation de cette zone qui, par ailleurs était partiellement reprise en zone centrale au PCDN. La zone centrale PCDN doit y être maintenue. Ce site ne figure plus dans la liste des périmètres de grand intérêt écologique en page 28, alors qu’il a conservé toutes ses potentialités écologiques. Il nous paraît donc prématuré de l’inscrire dans sa totalité comme zone d’habitat avec activités économiques. Nous proposons de l’inscrire en zone d’habitat avec activités économiques uniquement pour la partie située hors zone centrale du PCDN (bordure de la Chaussée de Louvain), et d’inscrire éventuellement le solde de la zone proposée, voire au-delà même de la zone proposée, comme « périmètre ou zone de développement intégré à enjeu écologique ». L’aulnaie située à l’arrière de la zone proposée doit être intégralement protégée. La roselière située à l’arrière de la même zone pourrait être aisément revitalisée (par des fauchages avec exportation des produits de fauche), et donc aussi intégralement protégée. »

Les mêmes remarques valent pour la page 34, relative à la « zone de moyennes surfaces commerciales, chaussée de Louvain » qui correspond à la même proposition